« Il était une fois un petit jeu de rôle » 2020

Un petit bilan personnel sur l’organisation du concours.

J’ai participé au concours de création « Il était une fois un petit jeu de rôle » en 2017 en tant qu’auteur avec « la Croisière s’Amuse » et en 2018 en tant que jury. 13 septembre 2019, Gobelin Nounours indique qu’il souhaite passer la main sur le concours et qu’il recherche un repreneur sérieux. Ce concours me tiens à coeur et j’ai envie de l’organiser. A cette période je suis déjà avec ma complice Mélisande de Lassence et quelques autres personnes en train de travailler sur un festival de création de jeux de rôle – inspiré par la cjdra. Mélisande et moi postulons. La passation prendra beaucoup de temps et nous amènera en mars 2020, en plein confinement.

Le confinement, je ne sais pas comment c’était pour vous, mais pour moi cette période n’a pas été évidente. Elle remettait en questions énormément d’aspects de ma vie, pro comme perso, comme rôliste d’ailleurs. Pas seulement une parenthèse, mais plutôt un séisme qui change le paysage. Organiser ce concours en plein dans cette période était pour moi l’occasion de faire émerger quelque-chose de positif, une fleur dans les décombres. Le thème de l’année s’est imposé très rapidement : créer des jeux pour ce moment de distanciation sociale, pour jouer à distance.

Le concours rassemble des participants et un jury. Le mouvement suivant a été de former ce jury qui puisse non seulement lire et offrir des retours sur les jeux mais plus encore donner envie de concourir. Ce point est d’ailleurs pour moi l’argument fort des concours à jury vis-à-vis des jams ou des concours qui ont une organisation purement horizontale. Qui réunir pour former ce jury ? Avec Mélisande nous avons rapidement répondu : des gens qui ont des sensibilités différentes et qui nous font rêver. Réunir les Avengers ! C’était la métaphore utilisé en ce temps où Mélisande et moi avons contacté les personnes qui nous ont fait le plaisir de nous rejoindre ainsi que quelques autres qui ont déclinées par manque de disponibilité.

Qui sont les Avengers – membres du jury du concours ? Tout d’abord il y a Mélisande. Je ne me serais pas embarqué dans l’organisation du concours sans son appui. Elle est un bulldozer capable d’aplanir des montagnes et nous formons un bon binôme. Elle est aussi la personne dont j’avais le plus apprécié les retours durant l’édition du concours en 2018 : ils étaient enthousiastes, généreux, positifs mais aussi très francs.  Elle est pour moi un modèle dans cet exercice délicat de se prononcer utilement sur un jeu. Valentin T. est une personne qui ne cesse de m’impressionner par sa détermination à comprendre ce qu’est le jeu de rôle et son opiniâtreté à formuler de la théorie pour mettre des mots sur nos pratiques. Il est par ailleurs un ardent promoteur des pico-games ce qui est parfait pour un concours de jeux courts. Morgane Reynier est, entre autres choses, autrice de « sur la Route de Chrysopée », un très beau jeu de rôle épistolaire qui tire parti de la distance pour ré-enchanter le quotidien. Je n’avais jamais eu l’occasion d’interagir avec elle et j’ai été ravi de nos échanges autour du concours. Pierre Rosenthal était un contact de Mélisande que j’avais juste croisé auparavant. Une personne que j’admire beaucoup depuis fort longtemps et qui a en plus été très présent et adorable durant nos échanges. Mathieu Tortuyaux est un lecteur fou de jeux de rôle dont le visage est largement connu à cause de son implication depuis des années dans Rôliste TV. Nous nous étions croisés en convention et il avait chroniqué un de mes jeux, je ne le connaissais pas plus que cela. J’ai adoré l’interviewer et en apprendre beaucoup plus sur ce rôliste invétéré qui est d’ordinaire bien plus loquace lorsqu’il parle de super-héros que lorsqu’il parle de lui-même. Melville, en plus de concevoir des jeux, partage les secrets de la création au travers le podcast Ludologies et des ateliers pour apprendre à créer. C’était pour moi l’occasion de partager un peu de temps avec el où j’ai adoré discuter des jeux que l’on aimait. C’est Mélisande qui a demandé à Sophie Briand de nous rejoindre. J’ai découvert cette personne très enthousiasmante et dédiée au partage de notre passion. J’ai enfin convié Selene Tonon dans le jury. J’ai écouté Selene dans Ludologies et nous avions seulement vécu une convention ensemble. J’apprécie énormément sa culture vidéo-ludique et son travail pour rendre les jeux de rôle plus inclusifs. Ce concours était un bon prétexte pour interagir un peu plus. Quand on a avec soi un jury comme cela, on est plus seul dans sa chambre 🙂

Le concours a ouvert juste après la jam de la CyberConv pour une période de deux semaines. J’ai été très actif sur le serveur Discord dédié pour répondre à toutes les questions et prendre des nouvelles des créations en cours. Nous avons eu pas mal de personnes travaillant sur un gros projet de jeu et interloquées de la perspective de faire un jeu complet en moins de 500 mots. Nous avons partagé des exemples de jeu de rôle à distance, des ressources pour aider la création et incité la communauté à interagir et s’entre-aider.

Tout au long des deux semaines où le concours était ouvert, j’ai mené des interviews des membres du jury, au rythme d’une interview d’une heure tous les deux jours. Cette idée est directement inspirée de ce qu’a fait Eugénie sur le stand des Courants Alternatifs durant la CyberConv. Je n’avais jamais fait cet exercice auparavant, j’ai apprécié découvrir un peu plus mes membres du jury au travers des échanges comme au travers de mes petites recherches pour trouver quelles questions formuler. Si vous aimez les jeux d’enquête, devenez interviewer !

Nous avons au final récolté 57 jeux ! J’ai adoré les découvrir. Lire du jeu de rôle c’est déjà jouer puisque c’est imaginer ce que le dispositif décrit donnerait en parti. Avec autant de jeux, il était bien sûr in-envisageable de tout tester et par conséquent d’en tester seulement certains afin de ne pas biaiser nos retours. Plonger dans un jeu c’est s’immerger dans l’imagination de la personne qui l’a conçue. Le soucis que j’ai le plus souvent rencontré était de lire une proposition de jeu enthousiasmante mais malheureusement pas soutenue par un système bien trop générique. Certains jeux proposés étaient très très ingénieux pour faire de la distance un atout. Certains jeux étaient très beaux et je n’avais pas de difficulté à m’imaginer immergé dans ce qu’ils proposaient. Les thématiques étaient vraiment très riches et diverses. J’ai beaucoup de fierté à l’idée que beaucoup de ces jeux sont la première publication de leurs autrices et auteurs respectifs. Cela a été mon cas en 2017, je passe le relai.

L’un des aspects que j’apprécie dans ce concours c’est que le jury est invité à décerner des coups de coeur. Comme j’ai beaucoup d’admiration pour les membres du jury, je mesure le plaisir d’avoir créer un jeu qui soit un coup de coeur de l’une ou l’un d’entre eux. 26 jeux sur les 57 ont reçu au moins un coup de coeur, ce qui démontre à la fois la qualité des productions et la diversité des sensibilités du jury.

Parmi les membres du jury, tout le monde n’a pas réussi à trouver le temps et l’énergie pour formuler des retours écrits pour tous les jeux. C’est un exercice difficile et incroyablement chronophage et les circonstances de fin du confinement coïncidant avec la fin du concours n’ont pas aidé. Je suis infiniment reconnaissant envers celles et ceux qui ont fait l’effort de rédiger des retours. Généralement un concours désigne un gagnant et n’offre rien aux autres participants. Tous les jeux ont reçu 3 à 8 retours, 6 en moyenne, pour tous les jeux et pas seulement les gagnants, c’est très rare !

Beaucoup de participants nous ont fait part de leur gratitude pour les retours apportés et aussi du fait que ceux-ci leurs donnaient envie de poursuivre le développement du jeu, au-delà du concours. On a d’ailleurs vu fleurir des versions remaniées, mises en page et illustrées de jeux proposés au concours. Et c’est finalement cela qui compte : offrir un prétexte pour avoir le plaisir de créer des jeux qui font du bien.

crédit photo : Le Parisien / Olivier Corsan

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